Il y a cette question toute simple, qu’on te pose presque tous les jours : « Ça va ? » Et presque automatiquement, tu réponds « Oui, et toi ? », même si la vérité, c’est que non, ça ne va pas…
Ton corps hurle de douleur, tu es épuisé, tu as l’impression d’être à bout… mais tu souris. Parce que tu n’as pas l’énergie d’expliquer. Parce que tu ne veux pas déranger. Parce que c’est devenu une habitude.
C’est ça, le masque social. Ce réflexe de faire comme si tout allait bien, quand à l’intérieur, tout est chaos. Si tu vis avec une maladie invisible, tu connais sûrement ce masque. Il est souvent nécessaire. Mais il est aussi lourd, épuisant, et parfois destructeur.
Pourquoi on fait semblant ?
Ce n’est pas pour mentir. Ce n’est pas pour manipuler, ou attirer l’attention. C’est pour survivre. Pour éviter les regards, les jugements et les maladresses. Parce que c’est souvent plus simple, plus rapide, plus “acceptable”.
Pour éviter les phrases blessantes
Quand on dit qu’on ne va pas bien, il y a les réponses toutes faites :
- « Tu devrais dormir plus. »
- « Moi aussi je suis fatigué(e), c’est la vie. »
- « Mais tu as bonne mine, tu n’as pas l’air malade. »
Ces phrases peuvent paraître anodines à ceux qui les disent, mais elles peuvent nous miner profondément. Alors on apprend à les éviter, en se taisant et en « jouant le jeu ».
Pour protéger les autres
Parfois, on se tait parce qu’on veut épargner nos proches. Parce qu’on les sent déjà fatigués de nous voir souffrir. Parce qu’on ne veut pas les inquiéter, ou parce qu’on sait qu’ils ne savent pas quoi dire. On ne veut pas être « celui/celle qui ne va jamais bien ». Alors on s’efface un peu, on ravale, et on fait bonne figure.
Par automatisme
Avec le temps, le masque devient un réflexe. Il se met en place sans même qu’on y pense. On s’est tellement entraîné à faire comme si, qu’on en oublie parfois ce qu’on ressent vraiment.
Les effets du masque
Une fatigue supplémentaire
Jouer la comédie en permanence, c’est éreintant. Il y a la fatigue de la maladie, et celle de devoir composer une version socialement acceptable de soi-même. Sourire, rester concentrée, cacher ses douleurs… tout ça pompe beaucoup d’énergie.
Un isolement progressif
Plus on cache ce qu’on vit, plus on s’éloigne des autres. Même entourée, on peut se sentir seule. Parce que personne ne voit, ne comprend, ou ne mesure l’effort que demande la moindre interaction. Le masque crée une distance, même involontaire.
Un sentiment d’invisibilité
À force de faire semblant, on finit par avoir l’impression de ne plus exister vraiment. On se sent effacé, invalidé, transparent. Comme si nos souffrances ne comptaient pas. Comme si notre vécu n’était pas digne d’être entendu.
Comment desserrer ce masque, quand on le peut
Tu n’as pas à tout raconter à tout le monde. Tu n’as pas à expliquer si tu ne le veux pas. Mais tu as le droit d’exister sans avoir à tout cacher. Tu as le droit de poser le masque, de temps en temps, en sécurité.
En choisissant les bonnes personnes
Certaines personnes sont prêtes à écouter. D’autres non. Ce n’est pas contre toi. Mais ça vaut la peine de chercher, de repérer les gens capables d’entendre sans juger. De dire simplement : « Aujourd’hui, c’est difficile. Je suis fatigué, mais je suis là. » Sans s’excuser, sans minimiser.
En trouvant les bons mots
Tu n’as pas besoin de tout expliquer médicalement. Parfois, une phrase simple suffit :
- « Je vis avec une maladie invisible, j’ai l’air en forme mais ce n’est pas toujours le cas. »
- « Je fais avec, mais il y a des jours où c’est très compliqué. »
Ce genre de phrases ouvre la porte, sans l’obligation d’aller plus loin si tu ne veux pas.
Cet article pourra aussi t’aider : Comment expliquer sa maladie invisible à ses proches sans passer pour quelqu’un qui exagère ?
En écrivant
Quand parler est trop difficile, l’écriture peut être un refuge. Un journal, un blog, un message qu’on n’envoie jamais. Mettre des mots sur ce qu’on ressent peut être un soulagement. Et parfois, ça permet d’y voir plus clair en soi.
Tu n’es pas obligé d’être fort/forte tout le temps
Oui, tu es courageux/courageuse. Oui, tu fais de ton mieux. Mais tu n’as pas à prouver ta force. Tu as le droit d’avoir mal. Le droit d’être fatigué. Le droit de pleurer, d’en avoir marre, de ne pas faire semblant.
Ce que tu vis est réel. Même si personne ne le voit. Même si tu as appris à le cacher. Ton vécu est légitime. Et tu n’as rien à prouver à personne.
Porter un masque peut parfois être une protection. Mais sache que tu as aussi le droit, quand tu le peux, de l’enlever. Ne serait-ce qu’un peu. Pour respirer. Pour être toi. Pour qu’on te voie vraiment.
Et ici, au moins, tu peux être exactement comme tu es.